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Titre du blog : Fédération P.D.G Russie et Europe de l'Est
Auteur : ujpdg-russie
Date de création : 30-11-2009
 
posté le 05-06-2013 à 00:22:38

DISCOURS DU PRÉSIDENT ALI BONGO ONDIMBA EN FAVEUR D’UNE MOBILISATION MONDIALE CONTRE LE BRACONNAGE

 

Mesdames et messieurs,

Tout d'abord, laissez-moi féliciter Donald Kaberuka et la Banque africaine de Développement d’avoir pris l'initiative quelque peu inhabituelle, aux yeux de certains, de soulever une question environnementale lors de ce distingué forum. 

Lorsque Donald me l'a demandé, je n'ai pas hésité à mener le débat sur le trafic d’animaux sauvages, ici à Marrakech. Comme lui, je suis convaincu qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème environnemental, même si l'atteinte subie par le capital naturel suffit à elle seule à justifier une intervention des gouvernements. 
Les divers réseaux criminels impliquant la faune sauvage et la forêt s'élèveraient, selon des estimations, à près de 27 milliards de dollars américains par an. 

Aujourd'hui, le trafic illicite d’animaux sauvages, de bois d’œuvre et de produits de la pêche est le quatrième plus grand commerce illégal après les stupéfiants, les êtres humains et les produits de contrefaçon.

Le trafic illégal d'animaux sauvages, à l'exclusion des produits de la pêche et du bois d’œuvre, atteint 10 milliards de dollars par an. 

Le commerce non déclaré et non règlementé de produits de la pêche est estimé à pas moins de 9,5 milliards de dollars par an. La côte occidentale de l'Afrique est la région la plus touchée du globe et les bateaux de pêche illégaux sont de plus en plus liés au piratage et au terrorisme. 

Le commerce illégal du bois d’œuvre pourrait venir alourdir ces chiffres de 7 milliards de dollars chaque année. 

Avec des prix qui atteignent 60 000 dollars pour la corne de rhinocéros et 2 000 dollars pour l'ivoire, les profits à réaliser sont tellement juteux que de plus en plus, le commerce illégal de produits tirés de la faune sauvage est l'œuvre de groupes criminels présents dans tous les pays du monde. 

Une partie croissante de ces profits sert à financer des conflits civils et des activités liées au terrorisme. En outre, ce trafic illicite de faune sauvage a souvent des liens avec d'autres formes de trafic illégal et avec le blanchiment d'argent.
Maintes et maintes fois, partout en Afrique, nous avons vu des braconniers s'introduire dans des régions en paix, regorgeant d'atouts naturels, et ouvrir la porte à une spirale de criminalité et de souffrance qui s'est terminée en guerre civile. 

Ils commencent par tuer les rhinocéros et les éléphants – les marchandises les plus précieuses. Ensuite ils se rabattent sur d'autres animaux, sur le bois et les minéraux. Une fois ces ressources épuisées, les braconniers, qui se sont accoutumés à vivre de leur fusil, deviennent des voleurs, des bandits, et finalement des rebelles. 

Les pays qui ont perdu le contrôle de leurs ressources naturelles finissent presque inévitablement à rentrer dans cette spirale infernale. Aujourd'hui, le crime sur la faune sauvage est devenu une grave menace pour la souveraineté et la stabilité de certains de nos pays. Ce qui s'est passé récemment en République centrafricaine en témoigne. 

Qui plus est, le trafic d’animaux sauvages représente un risque pour la santé planétaire, en propageant des maladies à la fois aux humains et au bétail ; il détruit les biens naturels dont dépendent tant de nos citoyens ruraux dans les périodes de difficulté ; et il décourage l'investissement, freinant ainsi la croissance de nations entières. 

Au cours de ces dix dernières années, nous avons perdu plus de 60 % de tous les éléphants de forêt survivant en Afrique. Même dans mon propre pays, le Gabon, le moins touché de tous, nous en avons perdu près de 20 000 – soit un tiers de notre cheptel –, essentiellement le fait d'un braconnage transfrontalier perpétré par des gangs armés jusqu'aux dents. 

Comme ailleurs, aujourd'hui ces criminels n'hésitent pas à tirer sur les gardes de nos parcs nationaux, bien qu'à ce jour nous ayons réussi à épargner les pertes humaines que subissent régulièrement d'autres pays.
Mon gouvernement prend des mesures décisives pour restaurer l'ordre, mais nous ne pouvons pas résoudre ce problème seuls. C'est un problème planétaire, qui nécessite une solution planétaire. Tant les pays sources que les pays consommateurs doivent collaborer à réduire la demande et à restreindre l'offre de produits animaliers illicites. 

Nous devons agir à l'échelle nationale, régionale, continentale et mondiale, dans un effort concerté. Il faut que nous renforcions nos institutions chargées de la faune sauvage et de l'application de la loi, mais nous devons reconnaître qu'il s'agit d'un problème interministériel, intergouvernemental qui n'est plus « juste » une question d’environnement. 

Comme me le disait l'autre jour le président tanzanien Kikwete : « Nous sommes attaqués ».
C'est pourquoi je n'ai pas eu d'autre choix que de me rendre à Marrakech ! En apprenant que j'allais venir ici parler du crime contre la faune sauvage, plusieurs de mes homologues chefs d'État m'ont demandé de vous adresser aujourd'hui un message fort.
Nous en appelons à la Banque africaine de Développement pour qu'elle lance un fonds spécial pour les « crises environnementales ». Un tel fonds nous aidera à former, à équiper et à mobiliser le personnel de divers services dans le domaine de la faune sauvage et affectés aux parcs nationaux, partout où prévaut une situation qui menace notre patrimoine naturel et culturel. Il devrait également constituer une provision afin de s'occuper des familles des gardes tués ou blessés dans l'exercice de leurs fonctions ; et aussi destinée à éduquer les enfants dans les pays sources et les pays demandeurs sur la menace que pose le crime contre les animaux sauvages pour notre planète.

J'attends avec impatience de connaître votre point de vue sur ce sujet, et surtout de travailler ensemble à éliminer le commerce illicite d'animaux sauvages. 

Merci.